La cuisine Maison de la culture d’Amiens 1980
« Non pas le spectacle qu’elle offrirait au regard, puisque rien ne bouge, rien ne se passe que dans un remuement au fond de nous-mêmes. Mais, un peu, la cuisine telle qu’en elle même… Ghislaine vappereau nous la restitue en son temps suspendu au bout d’une lente approche, insaisissable à un regard superficiel. A déchiffrer. On veut toujours aller trop vite, forcer les objets à dire, à rentrer dans le jeu de nos discours, et continuer à servir ! Les voici dans leur irréductibilité, ultimes, hors d’usages, mais tout repart d’eux. Avec eux est recomposé la trame des instants et des jours faite des brillances de la mémoire et de la poussière du temps. Les objets se délivrent lentement. Ils ont encore quelque peu la forme de leur fonction, au-delà de l’usure, ils chantent de vieux refrains, et surtout ils ont vu, beaucoup vu. Car pour reprendre un titre d’Estaunié, « les choses voient ».
Qu’adviendra-t-il ? toute œuvre est une énigme. Rencontrerons-nous les autres ou nous-mêmes ? Machine, à retrouver le temps. Tel est aussilesens du travail de Ghislaine Vappereau. Machine lente, peut-être à retardement.
Claude Engelbach – Mai 1980