Patiner est pour le sculpteur l’acte qui lui permet, par la caresse, le frottement, d’apprivoiser la matière. Chez Ghislaine Vappereau, c’est le vécu de l’objet qui est la patine. Questionnement de ce vécu qui n’appartient pas à l’artiste, mais à la vie de l’objet avant sa récupération. Trouble qui nous saisissait devant ses reconstitutions de cuisines, lieux alchimiques de nos maisons. Théâtre de notre mémoire, pièce reconnue de notre enfance. Elle place sur un plan vertical ses éléments aplatis, ses meubles désarticulés, créant un rapport de la forme colorée avec le fond. Interrogeant ce rapport, elle nous renvoie à une peinture byzantine, matissienne. Et c’est là sans doute la particularité de sa démarche. Développer une préoccupation plastique rigoureuse en utilisant le déchu, le banal, le dérisoire. La plaque de plastique devient ondulation colorée, le broc aplati citation cubiste, et le linoléum usé moment de fresque redécouverte.
Alain David