Exposition Ghislaine Vappereau à la Galerie Garnier
Ghislaine Vappereau poursuit depuis plusieurs années (on avait pu le voir à l’avant-dernière Biennale) un travail sur la cuisine ou plutôt sur ce qu’elle appelle le sentiment de cuisine. Au départ, il s’agit d’installations, empilements d’objets de récupération, où frontalité et profondeur créaient une dramaturgie du lieu. Aujourd’hui, il s’agit de rechercher une expression plastique d’une abstraction ou d’une quintessence du lieu, par l’agencement en bas-reliefs d’objets récupérés (éléments de mobilier ou d’appareils ménagers) ou fabriqués (les motifs géométriques, les carreaux qui servent sou vent d’arrière-plan à ces compositions). C’est un travail qui n’a pas grand chose en commun avec le collage ou le Pop, mais qui constitue au contraire une réflexion sur le volume et la perspective, le volume et la couleur, et la manière dont ils sont perçus par le regard changeant du spectateur. Il y a là beaucoup de violence : dans la tension affective et temporelle qui règne dans la cuisine ce que Ghislaine Vappereau appelle sa latence), dans sa charge de patience et de frustration aussi, et enfin, plastiquement, dans la manière dont, quittant la sécurité du volume perspectiviste et sténographique, les éléments s’écrasent contre le mur, comme plaqués par une déflagration. Voici un travail d’une grande richesse et d’une très grande intégrité, appuyé sur une démarche et un usage du matériau très rigoureux, bien supérieur à mon sens aux élégants presque-riens qui sont à la mode en ce moment à Paris…
Régis Durand